Lynda Lemay


Drôle de mine 

Paroles et musique : Lynda Lemay.
1994 

T'as du plomb dans la tête
Les soirs où tu m'la fais
Quand j'veux pas qu'tu t'arrêtes
Tu me boudes et te tais
Quand je suis à bout d'nerfs
Tu te roules sur la table
Jusqu'à tomber par terre
Et rester intouvable

Et pourtant y'a des soirs
Où tu t'moules à mes doigts
Parfois j'ai peine à croire
Les mots que tu m'envoies
Tu fais semblant de rien
Mais t'as le sang qui bout
Tu me prends par la main
Puis tu danses comme un fou

Je te porte à ma bouche
Te mordille en douceur
Et c'est moi qui te couche
Après de longues heures
T'as du plomb dans la tête
Et ce soir j'me la paie
Tu veux pas faire la fête
Tu veux pas faire la paix

Ça m'tentait pas d'attendre
Après ta bonne humeur
C'que tu viens d'entreprendre
C'est un mauvais quart d'heure
C'pas ma faute si des fois
C'est en plein restaurant
Que j'ai envie de toi
Devant d'autres clients

Tu peux t'compter chanceux
J'suis juste un peu bohème
Tu vivras peut-être pas vieux
Mais tu sais que je t'aime

Y'en a des pires que toi
Ceux qui se prostituent
Sous n'importe quels doigts
Sur n'importe quelle rue
En disant des sottises
Pour des questions d'argent
Paraît qu'on les méprise
Chaque fois qu'on les prend

Faudrait bien que tu sache
Quand tu te sens miné
Qu'ceux qui bavent et qui crachent
T'as rien à leur envier
Moi j'en connais pas mal
Qui se voient condamnés
Plongés dans un journal
À faire des mots-croisés

T'as du plomb dans la tête
Et ce soir tu t'la casses
Quand j'veux jouer au poète
Tu t'retournes et t'effaces
Mais tu feras c'que tu veux
Je t'aurais à l'usure
Dis pas que t'es trop vieux
Pour une autre aventure

C'pas ma faute si tu rêves
De n'pas être éphémère
Moi aussi ça m'énerve
De finir en poussière
J'crois qu'on vient tous au monde
Pour broyer du noir
À chacun ses secondes
Au fond de l'aiguisoir

Y'en a des pires que toi
Ceux qui se prostituent
Sous n'importe quels doigts
Sur n'importe quelle rue
En disant des sottises
Pour des questions d'argent
Paraît qu'on les méprise
Chaque fois qu'on les prend

Faudrait bien que tu sache
Quand tu te sens miné
Qu'ceux qui bavent et qui crachent
T'as rien à leur envier
Moi j'en connais pas mal
Qui se voient condamnés
Plongés dans un journal
À faire des mots-croisés

Y'en a bien des plus grands
Et des plus colorés
Qui ont l'air insignifiants
Quand tu t'mets à parler
Y'a que toi qui me donnes
Des frissons dans l'échine
Y'a que toi qui m'étonnes
Avec ta drôle de mine

T'as du plomb dans la tête
Et ce soir c'est bizarre
T'as la mine mauvaise
Et t'as les traits tirés
T'as du plomb dans la tête
Mais c'est vrai qu'il est tard
Si tu veux qu'on arrête
J'vais même pas t'aiguiser

Accrocher mon coeur 
Paroles et musique : Lynda Lemay.
1998 
J'vais accrocher mon coeur ici
Dans ce garde-robe de la maison
Entre deux costumes de ski
Morts en même temps que la saison

J'vais l'accrocher en attendant
De peut-être le donner aux pauvres
En même temps que la paire de gants
Et qu'ma ridicule tuque mauve

J'vais accrocher mon coeur
J'sais pas pourquoi j'te l'dis
J'vais accrocher mon coeur ici

J'vais accrocher mon coeur ici
Ça fait tellement longtemps qu'il traîne
Tu t'cognes dessus et ça t'ennuie
Vaut mieux ranger ces choses qui gênent

J'vais l'accrocher comme ces patins
Que j'ose pas jeter, que j'garde là
Juste au cas où, quand je sais bien
Qu'ils ne me resserviront pas

J'vais accrocher mon coeur
J'sais pas pourquoi j'te l'dis
J'vais accrocher mon coeur ici

J'vais accrocher mon coeur
J'sais pas pourquoi j'te l'dis
J'vais accrocher mon coeur ici

J'vais accrocher mon coeur ici
Dans ce garde-robe de la maison
Parce qu'y fait pas tellement joli
Dans la nouvelle décoration

J'vais l'accrocher mon coeur, promis
J'suis sûre qu'y a un support vacant
C'est pas la seule fois de sa vie
Que ça va lui faire un pincement

J'vais accrocher mon coeur
J'sais pas pourquoi j'te l'dis
J'vais accrocher mon coeur ici

J'vais accrocher mon coeur ici
Parce qu'y est trop gros dans la cuisine
Parce qu'y est trop tassé dans notre lit
Parce qu'y est trop lourd pour ma poitrine

J'vais accrocher mon coeur ici
Et peut-être qu'un jour, laisse-moi rêver
En te cherchant un parapluie
Tu seras content de le retrouver

J'vais accrocher mon coeur
J'sais pas pourquoi j'te l'dis
J'vais accrocher mon coeur ici

J'vais accrocher mon coeur
J'sais pas pourquoi j'te l'dis
J'vais accrocher mon coeur ici...

Les souliers verts 
Paroles et musique : Lynda Lemay.
1998 
Ça faisait deux petits mois d'amour qu'on s'connaissait
Pas un seul accroc dans l'parcours, c'était parfait
On a fini par s'faire l'amour, on a choisi notre moment
On était mûrs, on était sûrs de nos moindre petits sentiments

J'étais sceptique, j'étais peureuse
T'as mis deux mois à remettre ma confiance boiteuse en bon état
J'avais baissé mon bouclier, cessé de nous prédire une guerre
J'étais en train d'emménager lorsque j'ai vu
Les souliers verts

Des souliers verts à talons hauts dans l'garde-robe
Une paire de souliers verts aussi suspects qu'ignobles
J'les ai regardés droit dans les semelles
Quand ils m'ont sauté dans la face
Et ça puait la maudite femelle qui a dû les porter rien qu'en masse

Et ce fut un interminable face-à-face
C'était entre moi et la vieille paire de godasses
Et j'ai vu ma vie défiler devant mes yeux déconcertés
Et j'ai senti la sueur couler le long d'ma tempe

Ça faisait deux petits mois d'amour qu'on s'connaissait
Fallait voir ça la belle petite cour que tu m'faisais
J'avais cessé d'me protéger depuis le coeur jusqu'à la chair
J'me sentais en sécurité jusqu'à ce que j'voie
Les souliers verts

Des souliers verts à talons hauts sur la tablette
Une paire de souliers verts de femme ou de tapette
J'les ai regardés droit dans les semelles
Dieux merci, c'était pas ta pointure
J'suis allée m'mettre des gants vaisselle
Pour m'emparer d'ces petites ordures

Quand j'suis arrivée dans la chambre en te les montrant
T'étais comme un caméléon sur le lit blanc
Je t'ai demandé à qui c'était ?
J'peux pas croire que t'as bredouillé
Exactement ce que j'craignais, que t'en avais aucune idée

Que t'étais le premier surpris, qu't'avais jamais vu ça avant
Au grand jamais, jamais d'la vie
Non, sincèrement

Ben oui ça pousse des souliers verts
C'est comme une sorte de champignon
Une sorte de quenouille ou d'fougère
Ça devait être humide dans ta maison

C'est parfaitement compréhensible
Qu'ça apparaisse des souliers verts
J'pense même qu'y en a des comestibles
Mais eux, ils poussent dans l'frigidaire

C'est sûr qu'j'ai pas à m'inquiéter
Des petites chaussures de rien du tout
Le petit modèle de fin de soirée
Pour dames à quatre pattes ou à genoux

Qui sait si c'est pas l'Saint-Esprit
Qui est venu t'octroyer des souliers
C'est comme les brassières en dessous du lit
Qui poussent chez d'autres miraculés
Bien sûr

Ça faisait deux petits mois d'amour qu'on s'connaissait
J'allais quand même pas laisser ça nous séparer
Mais si tu veux bien mon amour
J'vais me permettre un commentaire

Pour toutes les jeunes filles au coeur lourd
Qui ont rencontré des souliers verts
Allez chercher vos gants d'vaisselle
Puis jetez-moi ça à la poubelle

Vous saurez pas l'fond d'l'histoire
Puis c'est peut-être mieux de ne pas l'savoir
Fermez vos yeux petites brebis
Vous irez droit au paradis

Le ciel est rempli de petits anges
Qui ont jeté des souliers aux vidanges
Et puis j'vous parie qu'en enfer
Dans la basse-cour du vieux Satan

Y'a pleins de poules en souliers verts
Et y a plein d'maris innocents
Qui n'les ont jamais vues avant
Non, sincèrement
Bien sûr


Berceuse pour adulte 
Paroles et musique : Lynda Lemay.
1994 
Depuis qu'on a vieilli
Y'a plus d'marchand de sable
Assis au bord du lit
Pour nous chanter ses fables
Au début de la nuit
Comme à l'aube de nos vies

Depuis qu'on a vieilli
Qu'on n'est plus fille et garçon
On aime bien se rappeler
Qu'on a vaincu les dragons
On n'ose plus y rêver
Les héros sont fatigués

Y'a pas de berceuse pour adultes
Parce qu'on a voulu grandir
On avale notre pilule
On en a besoin pour dormir
Parce qu'on s'est laissé vieillir

Y'a pas d'berceuse pour les grands
Parce qu'on a tous voulu fuir
Ce qui reste en nous d'enfant
On n'peut plus s'assoupir
Avec ce tendre sourire
Parce qu'on s'est laissé vieillir

Depuis qu'on a vieilli
Tous nos souvenir figés
Dans un album jauni
Vont pas pour nous s'animer
Pour redonner d'la vie
À nos pauvres yeux cernés

Depuis qu'on a vieilli
Et qu'on travaille pour payer
Notre petit bout de paradis
On rêve d'être bercé
Par d'autres bras meurtris
Pour un moment de répit

Y'a pas de berceuse pour adultes
Parce qu'on a voulu grandir
On avale notre pilule
On en a besoin pour dormir
Parce qu'on s'est laissé vieillir

Y'a pas d'berceuse pour les grands
Parce qu'on a tous voulu fuir
Ce qui reste en nous d'enfant
On n'peut plus s'assoupir
Avec ce tendre sourire
Parce qu'on s'est laissé vieillir


Depuis qu'on a vieilli
Et que des corps étrangers
Sont venus souiller nos lits
Sans jamais y rester
Un petit bout d'insomnie
Qu'on voudrait bien partager

Depuis qu'on a vieilli
Et ça nous prends deux souffles
Pour éteindre les bougies
Y a ce cri qu'on étouffe
Dans le silence de nos nuits
Où nos sanglots s'engouffrent

Y'a pas de berceuse pour adultes
Parce qu'on a voulu grandir
On avale notre pilule
On en a besoin pour dormir
Parce qu'on s'est laissé vieillir

Y'a pas d'berceuse pour les grands
Parce qu'on a tous voulu fuir
Ce qui reste en nous d'enfant
On n'peut plus s'assoupir
Avec ce tendre sourire
Parce qu'on s'est laissé vieillir

Y'a pas de berceuse pour adultes
Parce qu'on a voulu grandir
On avale notre pilule
On en a besoin pour dormir
Parce qu'on s'est laissé vieillir

Parce qu'on s'est laissé vieillir